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Âsana
(Les Postures du Yoga)

(Mayurasana : le paon)

Les postures sont des archétypes ayant leur propre pouvoir, elles fonctionnent comme des pièges d'énergie qu'elles potentialisent dans le corps de l'individu. La difficulté est de pouvoir rentrer dans le moule de l'archétype et d'en prendre parfaitement la forme. Comme par mimétisme, l'archétype va alors agir sur le corps en l'imprégnant de l'énergie correspondante. Au fur et à mesure de la pratique et de sa régularité, cette imprégnation va gagner les plans plus subtils du corps énergétique et du mental.

Le premier pas est le plus difficile, quand l'individu s'essaye pour la première fois avec les exigences d'une posture, il est le plus souvent mis en difficulté au niveau physique mais aussi au niveau de la respiration et surtout du mental. De prime abord, les postures s'avèrent le plus souvent inconfortables et le corps y est contraint de telle sorte qu'il a du mal à respirer, à se relâcher, à se sentir à l'aise. Le moule s'avère étriqué et il semble très difficile de pouvoir s'y tenir pendant de longues minutes. C'est pour cette raison qu'il faut exercer au départ beaucoup de volonté et de fermeté. Le mental joue donc dès le début un rôle très important. La principale qualité requise est l'effort volontaire, afin de s'engager résolument dans le ressenti de la posture et de ses exigences. Pourtant aussi bien dans la vie ordinaire que dans la pratique du Yoga, on ne peut obtenir quelques récompenses sans volonté ni sans effort. Au départ l'individu n'a, dit-on, que sa seule volonté pour pouvoir influer sur lui-même et sur le monde qui l'environne.

Il faut aussi beaucoup d'humilité, pour pouvoir abandonner sa propre importance en échange de celle de la posture impersonnelle et véritable. Cette posture est d'autant plus impersonnelle qu'elle est transmise conforme à la tradition et sans aucune acculturation. Comme l'enseignement doit s'inscrire dans ces mêmes règles immémoriales, le pratiquant doit s'adapter du mieux possible à cette conformité en oubliant ses propres vues particulières. Au plus la conformité à la tradition s'avère parfaite, au plus les postures deviennent efficientes, car le pratiquant y rattrape la puissance exercée par tous ceux et celles qui dans le temps, ont pu y inscrire eux mêmes tous leurs efforts et toutes leurs énergies.

Ainsi, si le pratiquant persiste, dès les prochains exercices, il trouvera déjà beaucoup moins de difficulté, son esprit ayant déjà créé le premier moule, il lui sera plus facile de s'y couler à nouveau. Petit à petit, il y trouvera quelques marges de manœuvre, il pourra alors s'exercer sur des plans de moins en moins physiques et pénétrer plus profondément dans le ressenti intérieur. Le mental va même y trouver quelques libertés pour pouvoir goûter l'énergie correspondante à la posture.

Cette énergie va s'avérer au bout de quelques temps et même peut être plus rapidement que prévu, un véritable plaisir, elle va dégager des sensations favorables qu'il conviendra de mieux repérer et avec lesquelles l'individu va coopérer pour le meilleur usage de la posture.

(Vasisthasana : la posture du sage du même nom)

À partir de ce stade, c'est gagné, la difficulté s'est muée en plaisir, et ce qui semblait impossible, est devenu du domaine de la réalité. Le corps a gagné en puissance et en légèreté, les étirements procure de l'apaisement, la chaleur dans le corps devient agréable, le souffle s'allonge ... l'énergie commence à bien circuler et procure spontanément ses bienfaits. C'est réellement le but à atteindre.

Au delà de l'aspect formel que peut prendre la forme du corps dans telle ou telle posture, au delà de sa relative perfection ou imperfection apparente, ce qui importe c'est bien de jouer avec l'énergie et son ressenti intérieur. Le pratiquant s'il trouve plaisir dans ce ressenti a véritablement réalisé le fruit des exercices posturaux. A ce propos les moments de détente et d'apaisement après les postures sont aussi importants que l'exercice dans la posture elle même, l'on doit y goûter la rémanence de l'énergie qui s'y est manifestée et cette sensation s’avère très agréable.

A force de goûter ces instants où l'on baratte l'énergie dans le corps, les archétypes se sont inscrits de manière significative dans le corps, le souffle et le mental. Les formes ont été prises, et la mémoire de ces formes s'est actualisée de nombreuses fois, la pratique des postures est devenue comme une hygiène de vie.

Enfin la régularité, reste bien le plus important, car comme les postures sont des formes archétypales de l'énergie, la régularité permet de rattraper également la puissance et l'énergie des grands cycles de la nature, qui quant à eux sont d'une régularité sans faille. En effet le soleil se lève bien tous les matins, le printemps succède inévitablement à l'hiver, la lune devient pleine, puis noire par cette même régularité des grands cycles de la nature. Le pratiquant doit prendre modèle sur cette régularité impersonnelle des cycles de la nature, il en retire sans conteste toute son harmonie, toute sa bienheureuse quiétude, mais aussi toute sa puissance ainsi que toute sa gloire.